Il aurait préféré, c’est sûr, revenir à la télévision avec un objet un peu plus neuf. Mais il se rassure en se disant qu’il reste, malgré tout, pas mal de gens qui ne regardaient pas l’émission de Franz-Olivier Giesbert, qui n’écoutaient pas Oui FM et qui, au final, donc, ne le connaissent pas.
Du reste, même en l’ayant vu et entendu à l’œuvre, c’est toujours l’impression qu’il nous laisse : celle d’un garçon qui parle beaucoup pour se livrer peu. De prime abord. Car en y regardant de plus près, entre phrases acerbes et mots assassins, il y a chez ce fils de une humanité d’autant plus attachante qu’elle avance masquée…
“Ce livre, c’est aussi une manière de dire que je ne suis pas qu’un comique. Qu’il y a un souci littéraire très fort ” , dit-il. D’ailleurs, cette parenthèse refermée et la promo (enfin) terminée, c’est à d’autres chantiers, au long cours, ceux-là, qu’il a envie de s’atteler. “J’aimerais me donner un peu de temps pour vivre, ce qui n’est pas trop le cas, là. Et puis, j’ai très envie d’écrire des livres… sérieux. ”
Ne lui faites pas dire ce qu’il n’a pas dit, toutefois : la télé aussi, c’était sérieux. “Mais dans l’impertinence et le commentaire de l’actualité” , il a donné.
Avant de partir vers d’autres aventures – il tourne en ce moment avec Romain Duris, notamment – il s’est donc livré à un exercice de compilation (de ses chroniques chez Giesbert, etc.) mais pas seulement. Car comme Nicolas Bedos est généreux, on a droit, aussi, à quelques inédits, dont un texte magnifique, écrit au lendemain de la mort de son ami Jocelyn Quivrin. “J’ai retrouvé ce texte dans mon ordinateur, je ne l’avais pas fait à la radio… Je suis heureux qu’il soit bien accueilli. Je quittais, ce jour-là, le sarcasme perpétuel.”
Qui le fatigue, lui-même, parfois. Même s’il croit profondément que les gens ont besoin d’un peu d’ironie pour survivre à tout ça. “Le roman qui va arriver – s’il arrive –, il est davantage dans le ton du texte sur Jocelyn. L’histoire de la télé, c’était une parenthèse pour moi. Il se fait qu’on ne parle que de cet aspect-là de mon travail, mais dans trois ans, dans dix ans, si je me débrouille, on verra que je ne suis pas que ça…”
Et de rappeler qu’il est aussi l’auteur de Promenade de santé, pièce jouée par Mélanie Laurent, et qui était loin, bien loin, de ses interventions télévisées. “Même dans les chroniques de la radio, je dis des choses. Dans le délire sur Laura Smet – certes, c’est un délire –, je finis quand même par parler de mon passif de suicidaire à moi, de la manière dont je me faisais des décorations sur les avant-bras… La télé, c’est un truc que j’ai fait comme ça pour rire et qui est devenu le principal dans l’esprit des gens. Ça prouve bien la force du média et du ton utilisé.”
Nicolas Bedos, Journal d’un mythomane, Vol. 1 , Robert Laffont